samedi 14 mai 2011

Etre ou ne pas être des mini ministres

Notre Eglise s'est dotée au cours des âges de processus de formation de ses ministres. Au moment de la Réforme, le ministère pastoral est devenu le ministère de proclamation de la Parole. Celui qui incarne ce ministère porte aussi la charge de veiller sur le troupeau de l'Eglise visible. Le ministère ainsi vu résulte d'un appel adressé à une personne (la "vocation interne") et d'un envoi par l'Eglise dans le monde, la plupart du temps auprès d'une communauté (la "vocation externe"). L'un ne va pas sans l'autre dans l'ERF. Et pour préparer le candidat à l'envoi dans le monde de la part de l'Eglise, il lui faut passer par un diplôme universitaire qui sanctionnera des connaissances, une maturation intellectuelle, la capacité à articuler sa pensée à celle des autres. Il faut donc avoir obtenu un "Master pro", cinq ans après le bac, pour avoir le bagage requis.
Nous ne sommes qu'humains et donc transitoires, et notre Eglise en tant qu'institution est elle aussi transitoire, donc ça a évolué au cours des siècles et ça évoluera encore dans l'avenir, mais ce que ça veut dire aujourd'hui, c'est que les pasteurs en formation, les petiots à qui il commence à pousser des pattes au fond de l'aquarium, ne se distinguent pas des autres étudiants en théologie, c'est-à-dire de tout un chacun.
De nos jours en effet, dans les facs de théologie, on ne retrouve pas que des futurs pasteurs, ni même que des protestants de longue date, ni même que des protestants tout court. Je suis en première année à Montpellier et parmi mes camarades, certains en début d'année n'avaient jamais assisté à un culte protestant. Ce sont d'excellents étudiants et des théologiens enthousiastes. Qu'ils deviendront ou non pasteurs, qui peut le dire ? sans doute même pas eux-mêmes. 



Dans notre petite équipe, nous avons tous une position différente sur la question. Presque pasteur, surtout pas pasteur, peut-être pasteur, du "ce n'est pas encore le moment d'y penser" au "vivement l'année prochaine"... nous sommes tous en chemin à notre façon. Ce n'est donc pas en tant que futurs pasteurs que nous allons en Vendée. C'est en tant que membres de cette Eglise. Au titre du sacerdoce universel, peut-être. Ou juste de notre fougueuse inconscience, allez savoir. Et, oui, en tant que théologiens. Parce que la théologie nous passionne, que nous aimons la voir prendre chair dans les rencontres et la compréhension de la Parole dans ce monde et avec ces gens que nous rencontrons. Mais - et le débat est en cours - on peut être théologien sans être pour autant étudiant en théologie. Sans même parler d'être théologien sans le savoir, nous savons combien de nos frères et soeurs font de la théologie en Eglise : dans les études bibliques, dans de simples rencontres, dans la volonté de dire et parler ensemble, dans le partage... dans le culte aussi, bien sûr.
Alors, ça veut dire quoi d'être étudiants en théologie ? ça veut dire se donner la liberté d'être bousculé profondément par ce que nous apprenons, interpellés dans nos croyances et dans nos vies. Y compris ailleurs que dans nos salles de cours. Y compris au mois d'août ! Si nous parvenons aussi à apporter un peu de tramontane, alors notre pari sera réussi.

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