lundi 15 août 2011

Confession de foi

Ca y est. Ce dimanche était le dernier jour de notre expédition "ERF on Tour". Des questions, nous en avons encore beaucoup. Des réflexions, ce sera encore à venir, car il faut le temps du mûrissement, de la perspective. Des joies, nous les avons vécues. Des moments de grande fatigue aussi, d'égarement, de doute. Ce fut, tout compte fait, une vie chrétienne en version communautaire et ramassée, condensée par l'intensité des échanges. Qui a dit que c'était simple et de tout repos, d'être chrétien ?
Cette dernière journée, nous l'avons vécue simplement, dans le partage de la parole. Le matin, l'équipe était invitée à célébrer le culte au petit temple de Saint-Prouant, dans le bocage, une ancienne église catholique dédiée au culte protestant il y a quelques siècles déjà. Vous la verrez sans doute dans le petit film que Benjamin va créer bientôt à partir des images prises pendant notre séjour vendéen et que nous mettrons en ligne ici même.
C'est un peu mouillés par la pluie que nous avons pris possession des lieux ; dans l'assemblée, nous avons eu le plaisir de saluer plusieurs membres des communautés où nous étions passés, ainsi que James Lowe, le pasteur de La Roche, tout juste revenu de vacances. Matthieu Cavalié, le pasteur de Mouchamps, était présent aussi. Nous avons commencé par chanter ensemble "Nous marchons dans la lumière de Dieu", un cantique qui nous a accompagnés pendant ces deux semaines. Puis le culte s'est déroulé tout au long d'une liturgie écrite à partir du Notre Père, façon de donner du sens à la fois à la liturgie et à cette prière communautaire. Simon a lu le texte du Deutéronome 30, versets 15 à 20, pour nous rappeler la loi que Dieu nous a donnée et qui contient ces mots extraordinaires : "Choisis la vie, afin que tu vives !" La prédication revenait sur ce qui est, tout simplement le coeur du culte : rappeler une parole de vie, toujours, cette bonne nouvelle qui nous fait vivre chaque jour. La douce voix d'Eloïse nous a mis dans l'oreille les premiers mots de notre Bible, dans sa langue originale... bereshit bara Elohim... La méditation portait sur cette parole de Dieu qui tranche, toujours, entre ce qui est bon et vivant d'un côté et tout le reste de l'autre, car il n'appartient pas à l'homme de trancher entre le bon et le reste, mais seulement de suivre la tranchée creusée par la parole de Dieu. 
Nous avons voulu, pour ce dernier moment de culte partagé, écrire ensemble une confession de foi. Nous vous la livrons, avec ses maladresses, ses points encore en discussion, ses hésitations aussi. C'est de cela que nous avons vécu pendant ces deux semaines et même avant, au cours des mois de préparation. C'est une façon de dire merci à chacun de ceux que nous avons croisés, qui nous ont marqués par leur parole et leur chaleur, mais aussi dans ce que nous perçu de fragilité, de douleur parfois.  Sachez que vous nous avez profondément marqués et que nous sommes reconnaissants de ces rencontres. Vous avez changé nos vies.
Nous reviendrons sans doute vous parler ici de ce qu'évoquera encore longtemps cette expérience pour nous. Nous espérons qu'un tel voyage pourra se renouveler, même si l'avenir ne nous appartient pas. La confession de foi qui suit est pleine d'un peu de chacun de vous.



Nous croyons que Dieu est présent dans nos vies. Nous croyons qu'il nous rassemble et qu'il se manifeste, là où nous ne l'attendons pas, dans l'imprévu et l'inattendu. Nous croyons qu'il se manifeste aussi là où nous l'avons beaucoup attendu, de façon imprévue et inattendue. Nous croyons qu'il ne se laisse enfermer dans aucune institution, dans aucune définition. Nous croyons qu'il nous relève et nous libère. Nous croyons qu'il nous donne la force d'agir et de changer le monde. 

Nous croyons que Jésus-Christ vient à notre rencontre sur le chemin de la vie. Nous croyons que nous marchons en sa présence. Nous croyons qu'il nous parle et nous répond, dans le présent de nos vies.

Nous croyons que l'Esprit insuffle sa présence dans nos fragilités et dans la beauté de nos jours. Nous croyons qu'il nous guide dans le monde que Dieu a créé pour nous, dans l'attente de la nouveauté du Royaume.

Nous croyons que le salut est donné à tous, sans distinction. Nous croyons que, au beau milieu de cette vie si belle et si compliquée, le salut s'annonce comme une promesse. Nous croyons que cette bonne nouvelle donne à chaque humain une dignité irrévocable et le courage de vivre, du premier au dernier souffle.

Amen. 

samedi 13 août 2011

Pour que le sel sale et que la lumière brille (2/2) ! J+13


Il est venu… Henri. Celui qui a lu les panneaux pendant 20 min et à qui je n’ai pu m’empêcher de lancer « Hé ben (oui, je suis niçois) ! Vous êtes un grand lecteur ! ». Son visage s’illuminant d’un coup, il s’est détourné de sa lecture et s’est approché de moi : « Oui oui, je lis beaucoup ». Une discussion d’une demi-heure s’en suivit. Inattendu de la rencontre provoquée à l’insu que je nomme grâce et que j’attribue à Dieu. Oui, on a le droit de croire que Dieu est là au cœur de nos vie et qu’il agit de façon perceptible à un moment T et pas seulement dans un vague élan créateur, n’en déplaise à E&L… que j’aime beaucoup par ailleurs. Henri est non croyant, sans plus aucun lien avec l’Eglise catholique romaine dans laquelle il a été baptisé et dont il garde un goût amer. Il avait besoin de se raconter, dans une distance humble et une douceur qui m’ont marquées – quand celui qui pensait donner reçoit – et de parler, fatalement, dans un temple, de religion. Grâce à une petite dose d’écoute active et aussi, restons vrais, de réaction sincère que j’aurais pu avoir dans toute autre discussion, nous avons cheminé sur le thème de la religion et du protestantisme jusqu’à cette intervention de votre serviteur : « Vous savez, au fond, j’en ai rien à faire que le temple soit rempli ou que tous deviennent croyants. Ce qui m’importe c’est que chacun ait réfléchi à la question, que ce soit un choix de conviction ». Henri : « Vous savez, je n’ai jamais vraiment réfléchi à la question… ». Là, j’aurais pu bondir, infiltrer la brèche avec indécence... mais pour être honnête, je n’y ai pas même pensé ! J’étais ailleurs. Henri est reparti avec une Bible, en libre service, sur base d’une proposition ouverte mais convaincue : « Si ça vous intéresse, il y a cette Bible, c’est vraiment une très bonne traduction ». Tu parles Charles, j’en avait rien à cirer de la traduction Segond 21, j’voulais qu’il la prenne cette Bible et je lui ai donné une raison, un prétexte. « Je la prends sans conviction hein ! », comme pour se protéger. J’ai pensé alors « Mais bien sûr… » en l’imaginant sous sa couette en train de lire ce qui pouvait bien me pousser, nous pousser, à avoir fait le choix de Jésus-Christ et à le vivre dans cette liberté qu’il n’a pas trouvé dans son enfance. Il est parti Henri. Ce qu’il va devenir ne m’appartient pas. Je ne peux que prier pour que la brèche du « Vous savez, je n’ai jamais réfléchi à la question (de croire en Dieu ou pas) » reste en lui et le questionne pour qu’un jour, peut-être, il découvre l’incroyable beauté, force et étonnement d’une vie en Jésus-Christ. Ha… je lui ai quand même tendu une dernière perche en lui annonçant le culte à St-Prouant de dimanche prochain… si, par hasard, il souhaitait continuer « d’en savoir plus » sur le protestantisme (tu parles Charles !). On verra bien demain !

Dans le projet ERF on tour, un des objectifs qui me tenait à cœur était celui de toucher des gens hors de l’Eglise, d’évangéliser comme dirait l’autre. Mais pas en faisant comme l’autre justement. En le faisant à ma sauce et à la « réformé style ». J’en avais marre d’avoir peur d’exprimer sous une quelconque forme un : « Je crois Dieu et j’aime ça, toi aussi faut qu’tu goûtes » !

Pari réussi aujourd’hui, à petite échelle, avec modestie mais… wouhaou ! Que ça retourne d’accompagner des chercheurs de Dieu qui s’ignorent !

Pour que le sel sale et que la lumière brille (1/2) ! J+12


Il faut se sauver de la tentation de tout dire, de tout raconter… d’être exhaustif. Ce serait se présenter comme une entité complète alors que nous ne sommes que finitude, miettes et jets de vie incontrôlables. Et surtout, ce serait croire que l’on est pur d'intérêt en toute chose. Il est parfois bon et juste de tourner son regard vers l’essentiel, présent au creux de toute expérience mais qu’il faut parfois débusquer au prix de quelques efforts.

L’essentiel de la journée d’aujourd’hui fut les rencontres que l’on a faites à l’occasion du marché de Mouchamps. Bravo à l’église locale, pasteur et laïcs, elle a décidé de ne pas manquer le coche et a proposer d’ouvrir le temple pendant quelques heures. Situé sur la route du marché, un panneau indiquait aux passants se dirigeant vers le marché ou en partant : « Temple protestant ouvert. Quizz historique. 17h30-19h30 ». Mouchamps compte dans les 3000 habitants et ce marché exceptionnel a aussi attiré aussi les communes alentours. Jour de pluie, commune rurale au mois d’août, conjonctures que nous ne maîtrisons pas, le marché n’a pas connu une affluence particulièrement grande, dis-je, au travers de mes yeux de citadins.

Dans le temple, une expo sur l’histoire du protestantisme en Vendée et l’expo « A visage découvert » (clique). Mais aussi, un stand animation sur les convictions du protestantisme et jus de fruit , café et divers délicatesses qui ne sont que prétexte pour autre chose, pour parler et témoigner, pour montrer que nous avons à cœur d’accueillir avec toute la chaleur possible et que la bienséance permet. C’est important de ne pas trop en faire, il faut savoir donner tel que l’on a envie de donner et seulement un peu au-delà de ce que le visiteur peut recevoir, en d’autre mots, être dans la proposition, dans l’ouverture et non dans l’imposition.

Ils sont venus au temple… les paroissiens de vieille date. Un couple de 80 ans, baptisé, confirmé, marié ici même et qui a connu la dureté de l’occupation et, plus récemment, la déception d’un temple qui se vide. Eux, c’était dans l’espoir de discuter. Ils sont allés à la rencontre d’une Eglise qui serait un lieu de vie et de socialisation. Nous les avons écouté, c’était beau et vrai et nous avons même joué au jeux des convictions protestantes. Il y a du boulot, même en interne, mais l’essentiel est acquis, il n’est question que d’affinage, comme pour un bon fromage (compris ?).

Ils sont venus au temple… les paroissiens qui tiennent l’Eglise debout, les actifs qui y croient encore malgré leur sentiment d’impasse de plus en plus accru. Pour voir, en amenant d’autres frères et sœurs de la communauté, comment ça se passe dans leurs murs, dans leur temple, comment les jeunes d’ERF on Tour géraient l’affaire, pas pour surveiller mais par curiosité. C’est aussi eux et le pasteur, qui ont préparé le temple pour cette ouverture exceptionnelle. Dans ce lot, on a eu un sans faute au quizz sur les convictions protestantes. Laissez-moi-vous dire que c’est chose rare et que j’en suis resté sur le cul (oups !). Les autres paroisses, fleuretant avec un certain intellectualisme, dans lesquelles j’ai déjà fait cette animation, se sont retrouvées dans une position beaucoup plus inconfortable. Incultes les réformés de nos campagnes ? Laissez-moi rire et partez vite, car l’agressivité face à cet injuste jugement pourrait vite venir.

Ils sont venus au temple… ces curieux, ces sans-Eglise, ces sans-Dieu, ces anonymes. Incroyables non ? Expliquez moi pourquoi ! J’aimerais que l’on m’explique pourquoi on considère difficile de s’ouvrir à un autre public, d’être missionnaire, alors que le seul fait d’ouvrir un temple au bon moment fait naturellement venir toute sorte de publics ? Non, vous avez raison, c’est trop de boulot, trop compliqué, notre foi est trop intime, laissons nos temples fermés, laissons les refléter ce que l’on ne souhaite pas au fond de nous. C’est plus simple comme cela.

Il est venu… Henri… (à suivre).

vendredi 12 août 2011

Sous un grand chêne

Officiellement installés à Mouchamps donc, nous sommes partis en fin de matinée pour un pique-nique avec les paroissiens dans le superbe domaine, avec un cadre de verdure exceptionnel, celui du musée du Bois-Tiffrais. C’est un musée protestant qui retrace l’histoire du protestantisme français et plus particulièrement l’histoire des protestants en Vendée. Car il y a bien du protestantisme historique dans la région du Poitou et en Vendée. Ce serait faire un cours d’histoire qui n’aurait pas d’utilité ici de vous re-raconter l’histoire du protestantisme et le chemin de croix qu’ont vécu les protestants en France (non, je n’exagére pas), mais le conservateur, qui plus est se trouve être un pasteur « retiré des affaires » comme il aime à le dire lui-même, nous fit une passionnante visite des quelques salles de ce musée. De même, il commença la visite sous un arbre pour montrer ce que l’homme est, ce qu’il peut faire, quelle est sa condition humaine. – Nous, nous sommes, comme cet arbre âgé de 400 ans, la suite de l’histoire, il y a donc une histoire avant nous, et il y en aura une après nous. C’est tout le rôle de l’histoire et sa morale, ne pas se suffire à nous-mêmes, mais regarder devant et derrière.  Un des points forts de ce musée est l’authenticité des pièces et des objets que nous avons pu admirer. Certains écrits propres à la genèse du protestantisme, les bibles de l’époque, certaines photos et objets qui ont servis et qui ont été forts utiles aux hommes de l’histoire… On a pu imaginer, s’y croire, s’y retrouver. Mais après cette visite, retour à la réalité. Le conservateur a remis sa casquette de pasteur et nous avons pu avoir un très bref mais très stimulant échange sur le ministère pastoral, les études de théologies et leur rapport à la culture. Le conservateur nous a même confié sa déception de voir peu de protestants parmi les visiteurs. Nous avons donc un message à vous dire, à vous, amis protestants : si vous passez par la Vendée, arrêtez-vous au Bois-Tiffrais ! Ensuite, Benj et Heloïse se sont essayés à l’exercice périlleux mais stimulant de la préparation d’un culte - une tâche qui ne leur était pas inconnue. C’est un culte qui devait être animé par eux-mêmes et par le pasteur Matthieu Cavalié. Nous en reparlerons dans le prochain article, chaque chose en son temps.
J’ai maintenant une histoire : C’est l’histoire d’un grand chêne. Il habitait dans une grande clairière, au milieu des siens, respecté de chacun, abritant oiseaux et écureuils. Mais ce grand chêne était malade. Tout le monde, dans la clairière, était bien triste de ce que le grand chêne était malade…Si vous voulez connaître la suite de l’histoire, il faudra vous procurer l’enregistrement audio qui circulerait au moment où je vous parle sous le manteau, si l'on en croit les rumeurs les plus folles. Ce soir, c’était soirée contes bibliques au temple de Mouchamps. Une soirée pour les grands et les petits, où nous avons pu réentendre des histoires tirées de la Bible, de l’Ancien et du Nouveau Testament, sous la houlette de Pascale et Simon.

jeudi 11 août 2011

Petit lait

Ca y est, il faut quitter, à grands regrets le confort quatre étoiles de chez Peter et Monique dans cette superbe ville touristique de Noirmoutier, pour repartir dans le paysage rural vendéen. Nous avons donc quitté l’Île de Noiremoutier avec beaucoup de regrets, de nostalgie, mais aussi beaucoup de reconnaissance pour tout ce que l’on a reçu. Nous avons aussi laissé une promesse : Nous reviendrons !. Quelques heures de minibus entrecoupées par un délicieux déjeuner moules-frites dans le marais de Challans, et nous voici arrivés en fin d’après-midi à Mouchamps, village sympathique et pittoresque où la communauté protestante est bien implantée. Il faut dire que le temple de ce village est grand ! Nous avons été accueillis par Matthieu, le pasteur de cette agglomération et des villages environnants. Nous avons ensuite déposé nos affaires au camping municipal, « le petit lay » camping confortable avec une piscine que nous n’avons pas encore eu le loisir de tester. Dormir sous tente, c’est bon pour le corps. Y’a pas à dire, ça change du confort de Noirmoutier, c’est l’aventure, et ce n’est pas pour nous déplaire.

mercredi 10 août 2011

La foire aux questions (J+9, soir)

Le lieu de culte de Noirmoutier, prêté par nos amis catholiques, s’est transformé mardi soir en petite foire aux questions, accompagnés à notre plus grand plaisir par Peter et Monique (qui nous avait à présent adoptés), et quelques catholiques, notamment un évêque à la retraite et l’accueillant curé de Noirmoutier. Entre les timides, les protestants soit-disant carrés mais qui finalement sont déconneurs, ceux qui se questionnent et qui nous questionnent, on en avait des choses à dire !
Voici quelques questions piochées au hasard, ici destinées aux étudiants :
Comment vivez-vous votre foi pendant vos études ? Etes-vous intégrés au sein d’une paroisse ?
Rencontrez-vous dans vos formations, des personnes de toutes les religions ?
Quelle est votre motivation et conviction pour devenir pasteur ?
Quels chemins faut-il privilégier pour progresser en œcuménisme ?
Et là, destinées aux participants et paroissiens divers :
Attendez-vous de l’Eglise qu’elle vous bouscule et dans quelle mesure ?
D’après-vous, comment s’annonce l’Eglise de demain ?
- Quelle est votre attente du ministre du culte ?
Ceux qui ont répondu ont dit qu’ils espéraient trouver dans l’Eglise du futur une charité, une espérance, une cohésion, qui ne paraît pas forcément aujourd’hui. Il est ressorti que chacun avait espoir de vivre en communauté, dans la fraternité.

Chacun a pu s’exprimer, semble-t-il, assez librement, sur des sujets qui ne fâchent pas trop mais quand même, qui mènent à débattre et à partager. L’heure et demi de débat est passée très rapidement.
Nous avons dû ensuite ranger ce lieu où nous avons passé une bonne partie de notre séjour à Noirmoutier, face au Château (de la princesse et du prince qui laissent la lumière allumée). Un petit pincement au cœur de remarquer que nous nous attachons à ces villes, ces lieux et aux gens que nous avons découvert. Il était temps de s’en aller. Merci Noirmoutier, merci Peter et Monique, merci la "bande de prêtres" !

Sur le sable, les fondations...

Mardi 9 aout 2011 dans la journée : sur le sable, les fondations…
Souvent, je me plais à citer, (après tout c’est tiré de la Bible) un de ces nombreux cantiques sur ce thème à destination des enfants. Racontant une histoire biblique bien connue, cette chanson est la suivante «  Si tu veux construite une maison, ne bâtis pas sur le sable. Même si tu l’as finie, et qu’elle semble très jolie, un jour tu devras recommencer. Il faut beaucoup mieux choisir un rocher, faire des fondations solides et sûres, et quand l’orage viendra, tu garderas la paix de Dieu ». Pourtant, c’est sur le sable que nous avons commencé cette journée. En cette période de vacances, sur l’île de Noirmoutier  au bord de l’océan, le cadre s’y prêtait. Un temps de prière œcuménique, avec nos frères et sœurs catholiques était organisé, comme chaque semaine pendant les vacances d’été. Cette fois-ci, c’était à nous de l’animer. Ceci a été fait de façon remarquable par Eloïse et avec clarté, clairvoyance, conviction et foi. Il y avait pas mal de participants (une vingtaine), en communion fraternelle chantant et priant avec ferveur, puis un temps de méditation sur un passage de l’Epître de Jacques 2, 16-26 : un passage original et peu prêché pour nous, protestants, mais l’Evangile est aussi dans ce passage qui parle de mise en pratique de notre foi par l’action. Nous savons que l’agir dans la foi demeure essentiel dans notre vie, c’est une manière d’annoncer le Royaume de Dieu. Pendant ce temps de partage, nous avons eu aussi l’occasion d’échanger avec des catholiques qui fréquentent des groupes œcuméniques, de chanter des chants de Taizé et d’autres cantiques méditatifs… Bref, c’était une belle et forte expérience pour nous, la journée fut bien entamée !        
Après cela, nous avons passé un petit peu de temps chez des paroissiens résidant à deux pas de la plage. Nous avons eu l’occasion de partager quelques victuailles et conversations mais aussi de contempler le magnifique endroit au milieu des bois où ils se trouvent. Une petite promenade sur la plage et nous partons comme prévus pour l’Eglise évangélique « Couleurs de Vie » de Chaillans où un savoureux barbecue préparé par nos hôtes nous attendait. La rencontre avec cette Eglise était pour nous l’occasion de nous poser la question suivante : nous, étudiants, dont certains se destinent au ministère pastoral, nous  constatons qu’en ce début du 21éme siècle, nos Eglises historiques se vident. A l’inverse, beaucoup d’Eglises évangéliques se remplissent et se créent. Comment donc les imiter ? Il était donc important pour nous de découvrir l’expérience d’une implantation d’Eglise. Le pasteur, Marc F. nous a donc présenté par diapositives, l’histoire de cette Eglise : comment celle-ci à débutée, avec qui,  pourquoi dans un tel lieu…  Il faut connaître quelques éléments, à mon avis importants dans tout ce qui a été échangé (il y en a eu beaucoup !). Cette Eglise a une histoire, elle est soutenue par des protestants suisses qui ont assuré les fonds et la formation des pasteurs de cette Eglise. Le côté de la formation est important, ce qui n’est pas à négliger, car, dans le milieu évangélique, beaucoup de personnes « s’auto-proclament » pasteur, et cela est dérangeant. La deuxième chose à retenir, c’est que les objectifs sont pensés de manière stratégique : l’évangélisation se fait en lien avec la communauté. C’est en s’engageant dans la cité, avec le soutien scolaire, auprès des jeunes, que les membres de cette Eglise ont pu évangéliser. Leur stratégie d’évangélisation est tirée d’un modèle anglais, la politique des « trois P » : Présence et Prière / Proclamation et Prière / Persuasion et Prière. C’est donc en étant présent auprès des personnes que l’on peut mieux les comprendre et les accueillir. Une fois la présence effectuée, on peut annoncer la Bonne Nouvelle, puis convaincre que Celle-ci peut agir dans nos vies. Et tout cela doit être fait dans la prière, car tout ceci est entre les mains des artisans, mais en premier lieu placé entre les mains du Seigneur. Le troisième point important à retenir est la collaboration fructueuse avec les autres Eglises protestantes voisines, étant donné qu’ils font partie d’une entente commune, l’Entente évangélique de Vendée qui organise régulièrement des pastorales ensemble. C’est un point à ne pas négliger, car quand on connaît la difficulté que rencontrent les Eglises à collaborer entre elles, on peut être content et fier que le dialogue entre ces différentes Eglise se fasse dans l’harmonie et l’unité du Christ. Harmonie et unité, des termes fors qui en appelle un autre, celui de l’humilité. Humilité car le pasteur nous a longuement parlé de ces limites, des conflits qui ont traversés l’Eglise mais qui aussi l’on rendue plus forte. Le pasteur s’est également confié personnellement à nous sur sa manière de vivre son ministère, ses joies et ses peines.  Nous avons trouvé touchant que cette humilité qui fut dévoilée devant nous, ceci est un signe de confiance et de désir d’exposer ce qui est ressenti pour pouvoir se soutenir.
Pour revenir à mon allusion de début d’article, je dirais que les fondations de cette Eglise sont parties, au départ sur le sable : mais que la construction à peu à peu pris forme sur le roc. Les vraies valeurs pour le bonheur ne sont pas là où ont les voies, mais c’est le Seigneur qui vient souffler au fond du cœur les bonnes idées. Utilisons ces valeurs, et bâtissons autour de nous à notre façon ! Les rencontres, nous le voyons, fédèrent de bonnes idées et cela peut donner un certain dynamisme pour aller de l’avant. Car, comme le dit si bien Paul Ricœur – il  fallait citer Ricœur, ceux qui étudient ou qui ont étudié à la faculté de théologie de Paris comprendront – dans son ouvrage Histoire et Vérité : « Lorsque la rencontre est une confrontation d’impulsions créatrices, une confrontation d’élans, elle est elle- même créatrice. »

lundi 8 août 2011

De la puissance qui prend chair dans la faiblesse…

Dimanche matin nous avons donc vécu, de notre point de vue, une expérience de culte raté. C’était quand même un peu grave pour nous, dans le cadre de notre responsabilité d’annonce de la bonne nouvelle et nous avons accusé le coup. Oser bouleverser une tradition en vue de proposer un meilleur « produit » culte et faire pire qu’à l’ordinaire, c’est tout simplement un contre témoignage, de notre point de vue. 
Maintenant, deux choses demeurent : le rire et l’enseignement que l’on peut tirer de tout cela. Moi, qui écris ces lignes au nom de l’équipe ERF on Tour, j’en ris chaudement… avec la distance : « C’est le meilleur culte raté de toute ma vie ! Une première, pas à la portée de tous. ». Mais, petit lecteur, le plus beau réside bien sûr, au-delà de la grâce de pouvoir rire d’un échec, dans ce qu’il nous apprend. C’est ça l’Eglise que j’aime, l’Eglise qui ose expérimenter, qui ose se planter parce qu’elle a envie de se bouger le cul. Le suicide spirituel et institutionnel consisterait, selon moi, à ne jamais changer, non pas pour de bonnes raisons mais par peur d’autres choses, par horreur de la nouveauté. 

L’enseignement à en tirer donc : un bon culte différent, ce n’est pas forcément un culte sans ordre liturgique « classique ». L’originalité, le besoin de dire l’Evangile avec des mots d’aujourd’hui, avec la simplicité qui nous manque parfois, sans intellectualisme oppressant ni élitiste, dans le langage de notre génération, peut bien s’exprimer dans la structure préétablie de l’institution. Et, par rapport à notre expérience, cela nous apparaît même comme une voie de prédilection. Cela aurait été une démarche intelligente que de s’adapter premièrement, en mettant entre l’accueil et la bénédiction tout ce qui y entre communément et de décaler, dans un second temps, par le contenu, l’intonation, le choix des chants, l’énergie que l’on souhaite mettre et tout cela sans trop sur-jouer et forcer le trait. Voilà donc comment la puissance de Dieu peut s’exprimer au creux de notre faiblesse, cf Paul qui sait de quoi il parle (2 Corinthiens 12,6-9).

Et cette puissance de Dieu s’est révélée, dans un second temps, et toujours selon nous, dans le « culte témoignage » de ce soir. Oui, on aurait tendance à l’oublier, mais ce billet porte bien sur la journée de lundi. Petite assistance pour ce culte, également pas ordinaire, centré sur le témoignage et prenant place au cœur de l’exposition « à visage découvert » (clique). Et voilà que nous avons tenu le pari de faire un culte avec une liturgie plutôt classique et sans prédication (Oh my God !). Car ce soir là, c’est l’assemblée qui a prêché. Dans un moment « animé », tous se sont vu offrir la possibilité de prendre la parole sur ce qui leur paraissait essentiel dans leur foi. Ils y étaient fortement encouragés et habilement conduits mais sans pression et donc sans malaise. Et bien, les amis, quand nos témoins de l’ERF et d’ailleurs (oui on avait un curé aussi) s’expriment, c’est une implosion de grâce ! Réticente à témoigner notre communauté réformée ? Certes, mais arrangez-vous pour la mettre derrière le micro et vous serez bien surpris du résultat. Qui l’eût cru ? Nous ! Et un peu plus ce soir que ce matin.  

dimanche 7 août 2011

De futilités illusoires mais aussi de fraternité (J+7)

 « Maman, c’est quoi cette expo ? » « Et ben tu vois, nous on est catholiques et eux, ben… ils sont protestants. Et voilà. » Sur ce, la dame pousse son fiston dehors et ils mettent les bouts. Nous tenons donc à la salle Saint-Philbert l’exposition « Ecoute, Dieu nous parle… ». Les visiteurs ne se bousculent pas au portillon, mais c’est très agréable de rencontrer les gens sans être pressés par le temps, et aussi d’avoir du temps pour souffler un peu. Nous sommes donc de permanence à l’exposition.
C’est Peter qui nous a fait remarquer, pendant le déjeuner arrosé de fleurs, à cause du vent qui agitait les branches au-dessus de nos têtes, que les membres de l’équipe se distinguent par leur engagement dans l’Eglise. A vrai dire, on n’y avait pas forcément prêté attention avant, mais c’est vrai. Ce n’est sans doute pas un hasard si ceux qui sont partis finalement pour cette aventure estivale ont tous, déjà, une expérience de ce que c’est que l’Eglise.
De fait, faire un culte, ce n’était une première pour aucun d’entre nous. Par contre, travailler à quatre voix, ou huit mains, c’était la première fois. En toute discrétion protestante peut-être, nous n’avons pas parlé ici des subtilités théologiques qui nous différencient. Nous venons d’horizons, de sensibilités différentes, nous ne parlons pas toujours des mêmes choses avec les mêmes mots et si nous pouvons partager la parole et le temps, nous ne partageons pas nécessairement toujours les mêmes idées. Or faire un culte, c’est mettre à l’épreuve de la parole ce qu’on pense profondément de Dieu, du lien entre les humains et Dieu, de la prière et de l’écoute partagée. On aborde tous un texte différemment. On y voit tous une bonne nouvelle, mais rarement la même. Ca ne va pas de soi.

Alors on ne va pas faire dans la dentelle. On vous suggère, à partir de notre expérience, cinq manières efficaces de rater un culte. Première chose : décider, la bouche en cœur, d’innover. Parce que bon, des fois, on veut bousculer, hein, pour ne pas toujours lire les textes de la même façon, n’est-ce pas. Deuxième chose : décider que la liturgie, c’est une bonne chose, mais pas tout le temps, et revenir au principe précédent, on veut bousculer, quoi, zut. Troisième chose : centrer le culte sur un thème commun qu’on va décliner à plusieurs voix et, plutôt que de se partager le déroulement du culte comme on fait d’habitude, décider qu’on va chacun travailler un texte différent dont le seul point commun est le thème ; dans le cas qui nous préoccupe, le péché. Quatrième chose : ne pas tellement évoquer ce que ça signifie pour chacun, le péché. Cinquième chose : bricoler un cadre liturgique déstructuré qui, certes, aurait été du plus bel effet sur une robe de grand couturier.
On a raté un culte, voilà. Et c’était super. A la fin de la journée, ça nous est tombé dessus : à force de vouloir faire autrement, on a complètement oublié le sens de ce qu’on fait d’habitude. On a cru que de nos chouettes principes discutés sur un coin de table à griffonner la nappe et dont on était plutôt fiers il allait sortir quelque chose de pas ordinaire. En effet. Mais pas dans le bon sens… L’effet donc, pour nous, de ce « mauvais » culte, c’est de nous remettre la tête à l’endroit : c’est une leçon d’humilité. La suffisance, ça ne fonctionne pas ! A trop vouloir croire en nous, on avait oublié que ce n’est pas en nous qu’il importe de croire.
Pour la quarantaine de personnes présentes au culte ce dimanche matin, il y a probablement eu des moments d’inconfort comme celui que nous ressentions à le conduire, ton sinistre et bafouillage à la clé ; mais aussi, comme dans tout culte, des instants de grâce. Il serait aussi idiot de se vanter des derniers que de s’accabler des premiers. Comme qui dirait, « ceux qui s’attachent à des futilités illusoires éloignent d’eux la fidélité ».
Phrase du jour : « Benji, Benji, tu peux relire ma dernière phrase ? » « Je kiffe pas. En même temps, on n’est pas obligé de tout comprendre. »
Sinon, on a rencontré une « bande de prêtres », parce que le prêtre de Noirmoutier, en été, il reçoit le renfort de quatre de ses collègues et ça n’a pas l’air d’être une sinécure. Notre hôte a bondi de sa chaise au milieu du dessert pour aller ouvrir l’église Saint-Philbert aux musiciens qui venaient y faire un concert, nous laissant à deviser joyeusement devant une infusion. Pendant que Benji discutait d’ecclésiologie avec un jeune prêtre venu du Sénégal pour l’été, Samuel adoptait un concombre et lorgnait sur son couteau suisse pour le découper subrepticement en rondelles, et les autres discutaient du texte du jour, de pourquoi le concept de paroisse est important dans le catholicisme et de pourquoi nos Eglises respectives se vident.  En toute cordialité et sans langue de bois, au milieu des vannes inter-collègues, on a pu partager le pain et la parole. Nous pensions au culte « témoignage » de demain en nous disant que c’était là un vrai témoignage, justement.
Un grand moment d’œcuménisme ? Un grand moment de fraternité en tout cas. Comme souvent depuis le début de ce voyage, nous avons apprécié la saine curiosité face à notre expérience d’Eglise, l’histoire du protestantisme, les valeurs théologiques qui la sous-tendent, et nous avons pu poser des questions et échanger des idées. Ca ne change peut-être pas le monde, mais ça rend joyeux et ça nous donne à réfléchir. Merci, messieurs. 

Petite grenouille cherche bénitier - J+6


Samedi 6 août – J+6
Parfois, ça coincerait presque. Quand on essaie de faire passer un camion gros comme ça dans une ruelle large comme ça, forcément, on risque de rester coincé. On n’est pas restés coincés et c’est tant mieux, parce qu’il pleuvait vraiment très fort, qu’on était tout mouillés et passablement fatigués et que Germaine, la petite grenouille, était bien soucieuse d’arriver.
Germaine a fait irruption vendredi soir au milieu du temple de Foussais-Payré. Elle s’est glissée de sous un banc où elle créchait depuis un moment et elle s’est mise à sauter tout doucement sur les dalles où la grande main secourable de Benji l’a attrapée. Le film, il était très bien mais il n’était pas pour les petites grenouilles. D’ailleurs Samuel avait quitté le temple depuis un moment déjà pour aller fermer l’œil dans le camion, dans son petit sac de couchage. En fait de fermer un œil, ce n’était pas très réussi, il se racontait des histoires quand Benji est allé le voir, du coup il lui a montré la petite grenouille (« oh, elle a des petits yeux tout mignons ! »). Mais c’était une petite grenouille de conte de fées. Elle ne s’était transformée en vraie grenouille que le temps d’un instant, car dans sa véritable personnalité, c’est une grenouille en cire, fabriquée par Bertrand, notre voisin de Foussais qui fait du miel et du pain d’épice et des bougies, donc.  Depuis cet épisode palpitant, nous couvons Germaine comme la prunelle de nos yeux. Elle en a perdu un, d’ailleurs, un œil, par accident, mais elle est encore très jolie.
Enfin bref, tout ça c’est très intéressant, mais ce n’est qu’un aparté. De notre côté, nous voici arrivés à Noirmoutier-en-l’Ile. Nous avons été secourus dans le dédale des petites rues puis accueillis les bras grands ouverts par Peter et Monique dans leur maison blanche à volets bleus. Ils ont pensé à tout pour nous rendre la vie douce. Ca nous a aidé à nous remettre de nos émotions, une fois le camion vidé. Benjamin et Eloïse sont ensuite partis installer l’exposition « Ecoute, Dieu nous parle » à la salle Saint-Philbert, juste à côté de l’église du même nom, pendant que les autres fignolaient la préparation de la conférence du soir et du culte dominical.
Etrange expérience, d’être de l’autre côté du micro. D’habitude, ce sont les étudiants qui écoutent les conférences. Là, se risquer à livrer cette parole-là (nous avions choisi le thème « Dieu est-il gratuit ? »), c’est se risquer à toute parole, c’est-à-dire se mettre en danger. C’est aussi marcher sur des œufs, ne sachant pas forcément qui est dans l’auditoire, craignant de bousculer des certitudes et des attitudes de foi, importantes pour chacun. C’est exigeant, la théologie : si ça ne remet pas en question ce qu’on croit savoir sur Dieu, est-ce que c’est bien utile ? Alors on fait comme on peut. On a bricolé notre propre solution pour partager à la fois notre joie perplexe devant les sujets théologiques et une parole exigeante (celle de Paul créant sa théologie à partir de la confession de foi de son Eglise à Antioche dans les années 30-40 et de sa propre conversion). Pascale se collait à la conférence sérieuse, Eloïse et Benjamin mettaient en perspective ce qui était dit dans un dialogue permettant de prendre de la distance avec le sérieux du propos tout en l’éclairant pour le faire comprendre. A en croire le sourire amusé de nos dignes visiteurs, ce choix était le bon.
Alors voilà, on est à Noirmoutier. Demain matin, nous ferons le culte à quatre voix, sur le thème du péché. Toute une aventure… et après, on ira voir la mer…
PS. On est invités à dîner demain soir chez le prêtre de Noirmoutier. Que recommandent nos manuels de bonne éducation en fait de présent ? une bouteille de Ricœur ? 

samedi 6 août 2011

Ce n'est qu'un au-revoir... J+5

J+5 – Foussais-Payré, ce n’est qu’un au revoir !
Vendredi matin, nous avons eu droit à une demi-grasse-matinée, parce que ce jour-là nous avons eu l’impression que notre journée, au moins jusqu’à 19 heures, allait être plutôt tranquille.
Pourtant, à 10 heures déjà, des débats théologiques sur le thème du culte de Dimanche à Noirmoutier (surnommé par nous-mêmes, noirmoumoute-ville) fusaient dans le jardin du temple de Foussais-Payré, entre pluie et ensoleillement. De quoi être tout tourneboulés par les interprétations de chacun et avoir envie de repousser le repas de midi pour continuer à réfléchir. 
Nous avons pu apprécier au sein de tous les instants, la façade du temple, édifié en 1843, son fronton, son porche, ses colonnades, mais aussi l’intérieur de ce bâtiment, aux dimensions permettant d’accueillir 120 personnes. Joie aussi, pour tous, de profiter de l’accueillant jardin, et des bâtiments adjacents au lieu cultuel, comme l’école et la petite maison où nous avons logés (l'ancienne maison de l'instituteur).

Le soir venu, nos amis Vendéens étant fort ponctuels, chacun étaient à l’heure pour un repas-apéritif-film au pop-corn. L’instant cinéma a commencé dans une totale attention des spectateurs, atteignant, pour la joie de tous, une petite vingtaine de paires d’yeux rivés sur l’écran ! Le film, Va, vis et deviens, a, semble-t-il touchés tous les cœurs et tous les Esprit, comme le témoigne le court, mais intéressant débat que nous avons eu à la suite du visionnage. Une petite confidence : L’histoire de Salomon n’aurait pas quitté l’esprit de Madeleine, qui nous a avoué avoir peu dormi à cause de toutes les images et découvertes que ce film avait provoquées chez elle. Touchante nouvelle !
C’est sur cette soirée Cinéma et Débat que notre séjour à Foussais-Payré s’achève. Chacun d’entre nous a trouvé dans ces lieux, une atmosphère de joie, de réflexion et de partage. Cette atmosphère n’est pas arrivée de nulle part : mais elle est le résultat des sourires et des attentions portées par nos hôtes. Nous les remercions sincèrement ici en citant quelques noms : Pierre, Madeleine, Catherine, Bertrand, Joëlle, les deux Michels, Daniel, Rojo et Clément. Notons aussi l'arrivée surprise et très appréciée de Rémi, notre collègue de Montpellier, pour une visite éclair. Merci à tous, et à bientôt !

jeudi 4 août 2011

Nous marchons dans la lumière de Dieu



Aujourd’hui, nous avons marché vers la lumière de Dieu… ok dit comme ça fait un peu illuminé. Mais déjà, faut se calmer avec les petits préjugés à l’emporte-pièce. Ensuite, c’est pas du tout ce que vous croyez car, en fait, nous marchons tous les jours dans la lumière de Dieu. Le soleil se lève sur tous, bons, méchant et entre deux.

Mais cette fois, nous avons marché, littéralement. Une marche intitulé « walk and pray », l’équivalent anglais de « marche et prière ». C’est plus cool, l’anglais. On est des jeunes bourrés d’anglicismes et ça nous plait. Nous avons donc traîné nos pattes sur les chemins des Deux-Sèvres… avec quelques paroissiens et deux pasteurs du coin, Michel Paret et Michel Clément, ceci dit en passant deux anglophones convaincus.

C’était beau… voilà la première des choses à dire. Et cela ne peut que nous rappeler que ces fleurs, cette herbe si verte, ces arbres qui ombrageaient le chemin, ces champignons – qu’il faut prendre en photo ! Qu’on se le dise – étaient l’œuvre de notre Père dans les cieux. Nous avons également cheminé spirituellement avec la Parole de Dieu et quelques prières. Une marche ressourçante et pas à l’abri de rencontres.

Ce soir, c’était contes bibliques. Mais qu’est-ce que c’est donc que cela me direz-vous ? Et bien, excellente question, et la réponse vous fera certainement tomber dans une grande stupeur. Ce sont des contes tirés d’histoires bibliques. Bon, ok, vous auriez pu comprendre tout seul mais c’était plus drôle comme ça. C’est dire la Bible autrement qui nous a intéressé ce soir là. Pari relevé, on est trop fort j’vous jure. Et peu importe que le temple ne fut pas plein à craquer, pas même seulement rempli ou à demi investi. Nous avons vu dans leur regard la joie d’avoir passé cette soirée ensemble. Cela n’a pas empêché qu’on se soit posé, en débriefing, la question de la faculté de mobilisation de nos paroisses ERF (clique !). Mais le débat – pas tabou – n’est pas simple.

Et ce soir, même Pascale, la doyenne fort âgée de notre groupe, a réussi, au prix de quelques efforts pénibles aux yeux de tous, à déplier les cinq doigts de sa main droite, usée des sillons de la vie. Elle eut alors l’immense privilège d’être gratifiée d’un « hi’ five », une tape dans la main en français. On dit, dans le village de Foussais-Payré, qu’elle aurait alors pris un sacré coup de jeune – 5 ans environ, mais le boulanger n’est pas d’accord… enfin, c’est s’qu’on dit.

Enfin, le moment que vous attendez tous bien sûr, la citation du jour, accrochez-vous. « Non mais que j’ai internet ou pas ou pas internet c’est pas la question. »

mercredi 3 août 2011

J+3 : la Parole au centre

Une fois n’est pas coutume, notre webmaster attitrée a chaussé ses baskets pour la randonnée Walk and Pray. Moi-même, ne pouvant pas vraiment y participer, je m’adonne donc, pendant ce temps à cette tâche de partager avec vous ce que nous avons vécu ce mercredi 3 août. Nous avons vécu une journée centrée sur le thème de la Parole. 

Une parole qui intervient dès le petit matin nous disant que l’activité initialement prévue - de ramasser et de rentrer le bois de nos chers hôtes – est annulée pour cause de mauvais temps, de trop d’humidité. Dommage, car cela nous stimulait. Mais, nous avons eu, du même coup, droit à une autre parole, celle de notre cher voisin qui nous a très gentiment ouvert ses portes pour l’accès au net (eh oui, c’est grâce à lui que nous pouvons poster sur ce blog !) et surtout pour nous faire découvrir le secret de l’apiculteur (clique) et de son travail avec les abeilles. Tout ceci est passionnant, la manière d’apprivoiser les abeilles, comment prendre et prélever le miel sans se faire piquer, que faire ensuite avec le miel… Vêtus de combinaisons dignes de cosmonautes, nous avons pu facilement rentrer dans cette passion partagée. Tout ceci était fascinant pour tous les âges et toutes les générations confondues ! Un bon moyen de se projeter dans la vie et le monde rural, pour nous, citadins - sauf Eloïse, brave campagnarde luberonnaise !            
La fin de matinée et le début d’après-midi nous ont fait sortir de notre campagne et retrouver nos instincts citadins dans la ville de Niort. Quelques achats, la réparation de la guitare, un repas dans un endroit [très] industriel mais pratique pour manger vite et endroit ou Samuel a pu dépenser son énergie, et nous voici encore dans l’échange de paroles : paroles de joie pour nos retrouvailles, car Eloïse nous a rejoins hier après-midi, ca y est, l’équipe de choc d’ERF on Tour est au complet ! Une petite heure de route pour rejoindre Foussais et nous voici en préparation pour la conférence. Préparation qui nécessite l’usage de la parole pour répéter notre prestation pour la conférence de ce soir sur le thème « Dieu est-il gratuit ? »


Cette conférence s’ouvre au temple de Foussais sous les environs de 20h30 avec une dizaine de personnes dans l’assistance, dont, il faut le dire parmi ce public, deux jeunes ! Cette conférence est donc tout d’abord le signe de la Parole avec un grand P. Pourquoi ? Car nous transmettons un savoir, une théologie qui nous intéresse et qui nous permet de comprendre la Bible. Nous transmettons ainsi la Parole de Dieu ! Le déroulé de cette conférence était fait pour ne pas s’ennuyer. Nous avions la conférencière « classique » avec des points, parties et sous-parties méticuleusement traités, mais ponctués par un dialogue de deux personnes dans l’assistance qui assistaient à cette conférence, qui ne comprenaient, visiblement pas grand-chose, mais dont la pensée a été bousculée et questionnée durant celle-ci. Bousculer et questionner, ceci n’est-il pas le but de la transmission de la foi par la Parole ?            


Une Parole qui fut ensuite échangée : au terme de la conférence, nous avons tenu à partager et échanger avec l’assistance. Nous avons repris des points dont ils souhaitaient un éclairage supplémentaire, parlé sur ce qu’ils pensaient de ce qui avait été dit, en bref la vision de la théologie de la Croix, le rapport entre les deux Testaments, comment interpréter la mort de Jésus ? Toutes ces questions n’ont pas de réponse unique. Elles méritent réflexions, analyses, dans notre jargon théologique, exégèse ! Ce temps d’échange a permis un partage de plusieurs paroles. Dans la théologie, quand nous avons le droit à plusieurs paroles différentes, ceci est un privilège : nous pouvons confronter nos opinions, nous nourrir et nous cultiver avec l’avis des autres. Ceci est un enrichissement ! Nous sommes différents, nous annonçons des paroles différentes mais avec un thème commun : Dieu et Jésus. Ceci est la magie de la théologie chrétienne !
Des échanges de paroles encore, dans la suite de notre soirée, avec la joie que les deux jeunes soient restés pour échanger encore des paroles avec nous :     

Paroles en faisant notre méditation quotidienne sur le thème de Jean 1,1 « Au commencement était la Parole ; la Parole était avec Dieu, la Parole était Dieu » encore des Paroles en transformant, malgré nous, cette méditation en bilan de la soirée, de la conférence, de ce que nous pensons des échanges. Puis paroles plus informelles échangées entre nous sous la magie du ciel étoilé sans un seul nuage, [c’était rare en ce moment] mais quel cadeau de Dieu ! Au final, un coucher tardif avec le sentiment d’un manque de sommeil, mais nous sommes heureux malgré tout : la Parole a été faite chair !


Phrase du jour : « parler dans un micro, c’est un signe d’autorité, de puissance, de pouvoir »… rien que ça ?!?

De terriers et autres signes d'optimisme (J+2)

Nous avons vécu une journée très dense, encore. Entre un réveil un peu tardif ponctué par l’arrivée de joyeux déménageurs de tables alors que nous étions encore en pyjama et la corde de la guitare de Benji qui a lâché juste au moment critique, il fallait bien que nous abordions la journée avec efficacité et dynamisme. Et une bonne dose de caféine.
Après une matinée d’installation de la sono pour nos soirées à venir et de tests de matériel divers, Simon et Benji sont partis dans le van en quête d’aventures et d’une corde à guitare ; Pascale s’est plongée avec angoisse dans ses notes pour la conférence de mercredi soir (pourquoi, mais pourquoi avoir proposé ce sujet, nom d’un pétard mouillé ?) tandis que Samuel vaquait à ses occupations. Il a conçu l’ambitieux projet de creuser un terrier pour pouvoir y dormir (et s’y mettre à l’abri du tonnerre qui l’a fortement impressionné aujourd’hui, car oui, aujourd’hui il plut), avec petit couloir d’accès, pièce de repos avec coussins et une couette et plein de coussins et aussi des coussins, petit cagibi pour les provisions et une fenêtre qui donnerait vers le ciel, forcément, sous terre. Donc, il creuse, avec énergie et optimisme. Quant à ce que fit Eloïse aujourd’hui, je ne saurais le dire puisqu’elle n’est pas encore parmi nous, sinon par l’esprit, mais nous allons, youpi, la chercher demain. Après avoir été chercher du bois en forêt du côté de potron minet, afin de garantir aux paroissiens de Fontenay-le-Comte des pieds au chaud pendant les cultes d’hiver. Le temple de Fontenay est en effet chauffé au bois, grâce à un magnifique poêle scandinave que vous pouvez aller admirer sous le plafond bleu qui lui donne un petit air d’arche à l’envers.
Ce soir, nous avons reçu en nos rustiques et pastoraux (au sens de champêtres, pas du ministère, entendons-nous bien) appartements des convives curieux d’en savoir plus sur le protestantisme et deux pasteurs. On est dans une région où l’histoire du protestantisme, ça ne s’oublie pas d’un battement de cil, ça a façonné les consciences, les paysages et les communautés. Et comme notre histoire en tant que protestants nous a, nous aussi, façonnés, les échanges sur le sujet sont toujours riches, surprenants, émouvants aussi. Nous avons ensuite pris rendez-vous pour se revoir, qui demain soir pour la conférence, qui jeudi pour la randonnée, qui enfin la semaine prochaine du côté de Noirmoutier. Les conversations se poursuivent, et c’est bien.
Le mot de la fin, ce soir, pour Samuel qui après avoir creusé se sentait mûr pour quelques activités de motricité fine (en d’autres termes, il avait des fourmis dans les jambes) et qui, en train de coudre, arrivait à la fin de son aiguillée : « plus y en a moins, plus on va vite ».
Je ne vois pas comment on pourrait mieux dire.

mardi 2 août 2011

Ma maison sera... (J+1)

Comment chacun voit-il l'Eglise ? Dans nos conversations aujourd'hui, à chaque rencontre, cette question semblait en filigrane. 
Nous sommes en attente du Royaume, mais d'ici là ? Il y a des attentes qui sont plaçées en nous... à nous de les exploiter. Oui, mais de quelle façon ? Il faut agir, sans avoir peur de l'avenir. C'est cela la confiance. Confiance que nous avons les uns envers les autres, et que nous avons en Dieu. 

Et nous, qu'attendons-nous ?

Le résultat ne nous appartient pas. Ce qui compte, c'est être heureux de donner ce qu'on a à donner ; être en vérité dans ce que nous avions à apporter. Il n'y aura rien à regretter d'avoir essayé. 
Beaucoup de ministères ; beaucoup de vocations. Beaucoup de rencontres. Tout est nouveau, toujours !
Pourtant, on se projette dans le temps ; ce n'est pas juste aujourd'hui et maintenant, c'est être dans une continuité : ce qui nous précède, ce qui viendra. On s'accroche à cette bonne nouvelle : ce qui nous précède c'est, toujours, l'appel de Dieu et ce qui viendra, c'est l'inconnu de son Royaume. 
En attendant, ce soir, nous avons lu ce passage où Jésus s'en va faire basculer toutes les tables établies dans le temple et empêcher quiconque d'y transporter quoi que ce soit. Chacun y entend quelque chose. Etre perturbateur ? bousculer, décaler la vision des choses ? 
Au milieu de la fatigue physique (car le voyage fut long pour venir jusqu'ici !), on se questionne. On ébauche des réponses, des petits bouts. Que chacun fasse ce qu'il se sent appeler à faire. Un trou dans la terre, par exemple. Ou écouter celui qui vient prendre un café de la route, ou éplucher des carottes. 
Se retirer de soi-même et servir - tu aimeras ton prochain... Se retrouver à l'intérieur de soi même et se servir - ... comme toi même.
Enfin tout ça pour dire que nous sommes là et bien là. La Vendée nous ouvre les bras, en la personne bienveillante de Michel P. et de sa femme, qui ont tout prévu pour nous accueillir avec de multiples attentions.
On pourrait vous raconter les péripéties du quotidien, et on le fera, mais ce soir on avait envie de vous raconter un peu en fatras ce qui nous passait par la tête. Qui va aller illico se poser sur l'oreiller, là tout de suite maintenant.
Ah oui, un dernier message : Eloïse, on t'attend !
Et un dernier dernier message : nous sommes au presbytère de Foussais-Payré, juste à côté du temple, et vous pouvez venir nous y rendre visite. Nous avons, youpi, une cafetière !

PS. Il y a un ciel magnifique. Elles ont un nom, vraiment, toutes ces étoiles ?
PS2. "Il nous manque une lampe, quand même." "Attendez, j'ai ma lampe à huile." "Oh, cool ! T'as de l'huille ?" "Heu non, elle fonctionne sur piles en fait." "..."