mercredi 20 juillet 2011

ALA, claire fontaine


La fine équipe est dispersée : en ce mois de juillet, chacun de nous est dans un coin différent. Benji, Simon et moi nous sommes vus une dernière fois à Paris et Samuel, qui m'accompagnait, a pu faire la connaissance des deux membres de l'équipe qu'il ne connaissait pas encore. Il connaissait Eloïse puisqu'un jour à Montpellier, tandis que sa maman se débattait avec un patar furtif en cours d'hébreu, il avait pu lui faire partager les joies de Dumbo sur petit écran dans la salle des étudiants. A la fin du cours, je les avais retrouvés tous les deux, entourés d'une dizaine d'autres étudiants désoeuvrés, tous occupés à verser une petite larme au moment où la maman de Dumbo se faisait emprisonner injustement. Avec Benji et Simon aussi, il s'est très bien entendu ; tout ce qui touche à l'aéronautique papetière n'a en effet aucun secret pour ces deux-là. Bref, cette réunion s'est passée au mieux, Eloïse participant même par la magie des ondes pour donner son avis sur une histoire de sono et de T-Shirt ultra secret.

Mais depuis, c'est vrai que l'équipe s'est un peu perdue de vue. Maintenant que tout est quasiment en place "sur le terrain", grâce à une formidable équipe soucieuse de notre confort (un coup de chapeau tout particulier à ceux qui ont remis en marche la chaudière au presbytère de Foussais) et que nos diverses interventions ont pris une allure plus écrite, nous sommes à la fois plus sereins et plus inquiets. Sereins, parce que la tâche n'a pas l'air insurmontable en comptant sur notre enthousiasme partagé, nos idées folles et la grâce même ; inquiets, parce que cette aventure est une première et que nous devons tout imaginer. C'est comme de se trouver devant une page blanche et craindre autant de la couvrir de vilains graffiti qu'espérer y esquisser un chef-d'oeuvre. Tant qu'on n'a pas commencé, on ne sait pas ce qui sera.
En attendant de donner le premier coup de crayon sur la page blanche d'ERF on Tour, Benji continue à travailler à Paris, Simon est parti animer un camp ou deux, Eloïse est en Afrique, Samuel en vacances dans un pays hélas dépourvu de dinosaure. Quant à moi, je suis partie essayer de coincer ce fichu patar à Digne-les-Bains.
Ca se passe à l'Académie des langues anciennes (clic) : tous les ans depuis 30 ans, une fine brochette de professeurs tous plus brillants les uns que les autres donnent des cours de langues anciennes. Akkadien, araméen, arménien, arabe, copte, égyptien, éthiopien, georgien, grec, hébreu, hittite, latin, sanskrit, syriaque et tibétain : nous sommes une petite centaine à nous rassembler tous les jours pour apprendre ensemble les finesses d'une autre langue, dans un autre alphabet pour la plupart, afin de lire des textes dans le texte. Beaucoup viennent depuis plusieurs années ; certains sont là pour la beauté du geste, d'autres parce qu'ils ont des examens à passer ou une thèse à écrire, d'autres encore pour approfondir la lecture de textes qui leur sont importants, pour des raisons religieuses ou non. En dix jours, nous aurons beaucoup appris ; et sans doute pas que dans le domaine linguistique.
Chacun à notre façon, "académistes" et "touriens", au fond, nous cherchons peut-être la même chose : aller voir si ailleurs le patar est toujours furtif et la grâce au rendez-vous.


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