D’un côté, on
croit qu’il faut lâcher prise sur toute prétention à convertir
l’autre... c’est Dieu qui convertit. Tout ce que nous sommes
appelés à faire, c’est annoncer. D’ailleurs souvent, on ne
parle pas nous-mêmes, ça parle, quand ça parle en vérité !
De l’autre côté, on se sent responsable de ce qui est annoncé,
du message, de l’importance et même de l’urgence de l’annonce,
et peut-être même aussi de la compréhension de celui ou de celle à
qui on s’adresse. Théologie du lâcher prise d’un côté,
théologie de la responsabilité de l’autre ? On peut
peut-être dire ça comme ça. En tout cas, ça permet d’expliquer
les tiraillements et les hésitations que nous ressentons face à la
question de l’évangélisation.
Il peut arriver que
les positions soient tranchées. Il arrive qu’il s’échange entre
nous des regards interrogateurs. Nous (l’équipe ERF on Tour) avons
passé cette dernière année à réfléchir à une éthique du
lâcher prise dans le cadre de l’évangélisation. Ici, nous
réfléchissons ensemble, avec l’équipe de l’EPM, à ce qui
serait plutôt une éthique de la responsabilité. Faut-il se forcer
à parler même si c’est artificiel ? Est-il légitime de
réfléchir à des stratégies de prise de parole, à des accroches,
faut-il préparer un témoignage que l’on puisse livrer sur
commande ? C’est un tel cadeau de parler lorsqu’on se sent
appelé à le faire, lorsque quelque chose semble pouvoir être dit
en vérité ! On réfléchit, on débat, on discute, on
argumente : c’était une journée de formation à
l’évangélisation. On lit ensemble des textes bibliques qui nous
permettent de réfléchir autrement à ces questions et de confronter
des lectures.
Ce n’est pas
forcément facile, ni pour l’EPM ni pour notre petite équipe de
théologiens. D’une certaine façon, eux se frottent à des
questions très concrètes et immédiates dans la mission qui leur a
été confiée par l’Eglise ; nous ne sommes encore que des
novices en la matière. Et pourtant, nous tenons à notre
compréhension de l’Evangile et c’est parfois compliqué
d’accepter qu’elle soit née en chambre et qu’on ne fait pas
ici de sport en pantoufles... Le beau cadeau de ces deux dernières
journées, c’est la liberté de ton et de parole. On se donne la
liberté de ne pas être toujours d’accord. C’est une grâce.
Chacun en ressort plus conscient de ses propres présupposés et de
sa propre théologie.
Ce soir, les
étudiants en théo se sont vu poser la question « avez-vous
rencontré le Christ ? » Et nous avons eu une certaine
réticence à donner ce qui pouvait nous apparaître comme un
témoignage obligé. Qu’est-ce qui compte vraiment dans notre vie ?
Ce que le Christ a fait pour nous, pour changer cette vie ? Ou
ce qu’il nous permet de faire aujourd’hui, d’une façon
inattendue, subtile, à notre insu parfois ? C’est à la fois
une différence de sensibilité et une profonde différence
théologique. Mais on peut entendre qu’il soit important en Église
d’entendre, et de dire, ce que la rencontre avec Dieu a bouleversé.
Du coup ça décale subtilement, de façon inattendue, ce que nous
pouvons faire, ce que nous pouvons dire. On parle... on se livre. On
ne maîtrise pas forcément ce qui se dit. C’est toujours un
risque, de parler, de dire ce qui est profondément vivant dans notre
vie. Nous sommes profondément reconnaissants à l’EPM et à la
communauté de Toul pour leur accueil et leurs questions ce soir, et
pour les bons moments partagés autour d’un repas ensuite, au
soleil enfin revenu.
Demain, nous aurons
une journée de travail en équipe pour préparer les animations à
venir : la soirée contes bibliques à Verdun le soir même,
puis une présence sur le marché de Toul vendredi matin avant de
récupérer enfin notre cher Nicolas à la gare de Nancy !
Vendredi soir, ce sera conférence théologique pour tout le monde au
temple de Nancy, sur le thème de la laïcité.
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