dimanche 7 août 2011

Petite grenouille cherche bénitier - J+6


Samedi 6 août – J+6
Parfois, ça coincerait presque. Quand on essaie de faire passer un camion gros comme ça dans une ruelle large comme ça, forcément, on risque de rester coincé. On n’est pas restés coincés et c’est tant mieux, parce qu’il pleuvait vraiment très fort, qu’on était tout mouillés et passablement fatigués et que Germaine, la petite grenouille, était bien soucieuse d’arriver.
Germaine a fait irruption vendredi soir au milieu du temple de Foussais-Payré. Elle s’est glissée de sous un banc où elle créchait depuis un moment et elle s’est mise à sauter tout doucement sur les dalles où la grande main secourable de Benji l’a attrapée. Le film, il était très bien mais il n’était pas pour les petites grenouilles. D’ailleurs Samuel avait quitté le temple depuis un moment déjà pour aller fermer l’œil dans le camion, dans son petit sac de couchage. En fait de fermer un œil, ce n’était pas très réussi, il se racontait des histoires quand Benji est allé le voir, du coup il lui a montré la petite grenouille (« oh, elle a des petits yeux tout mignons ! »). Mais c’était une petite grenouille de conte de fées. Elle ne s’était transformée en vraie grenouille que le temps d’un instant, car dans sa véritable personnalité, c’est une grenouille en cire, fabriquée par Bertrand, notre voisin de Foussais qui fait du miel et du pain d’épice et des bougies, donc.  Depuis cet épisode palpitant, nous couvons Germaine comme la prunelle de nos yeux. Elle en a perdu un, d’ailleurs, un œil, par accident, mais elle est encore très jolie.
Enfin bref, tout ça c’est très intéressant, mais ce n’est qu’un aparté. De notre côté, nous voici arrivés à Noirmoutier-en-l’Ile. Nous avons été secourus dans le dédale des petites rues puis accueillis les bras grands ouverts par Peter et Monique dans leur maison blanche à volets bleus. Ils ont pensé à tout pour nous rendre la vie douce. Ca nous a aidé à nous remettre de nos émotions, une fois le camion vidé. Benjamin et Eloïse sont ensuite partis installer l’exposition « Ecoute, Dieu nous parle » à la salle Saint-Philbert, juste à côté de l’église du même nom, pendant que les autres fignolaient la préparation de la conférence du soir et du culte dominical.
Etrange expérience, d’être de l’autre côté du micro. D’habitude, ce sont les étudiants qui écoutent les conférences. Là, se risquer à livrer cette parole-là (nous avions choisi le thème « Dieu est-il gratuit ? »), c’est se risquer à toute parole, c’est-à-dire se mettre en danger. C’est aussi marcher sur des œufs, ne sachant pas forcément qui est dans l’auditoire, craignant de bousculer des certitudes et des attitudes de foi, importantes pour chacun. C’est exigeant, la théologie : si ça ne remet pas en question ce qu’on croit savoir sur Dieu, est-ce que c’est bien utile ? Alors on fait comme on peut. On a bricolé notre propre solution pour partager à la fois notre joie perplexe devant les sujets théologiques et une parole exigeante (celle de Paul créant sa théologie à partir de la confession de foi de son Eglise à Antioche dans les années 30-40 et de sa propre conversion). Pascale se collait à la conférence sérieuse, Eloïse et Benjamin mettaient en perspective ce qui était dit dans un dialogue permettant de prendre de la distance avec le sérieux du propos tout en l’éclairant pour le faire comprendre. A en croire le sourire amusé de nos dignes visiteurs, ce choix était le bon.
Alors voilà, on est à Noirmoutier. Demain matin, nous ferons le culte à quatre voix, sur le thème du péché. Toute une aventure… et après, on ira voir la mer…
PS. On est invités à dîner demain soir chez le prêtre de Noirmoutier. Que recommandent nos manuels de bonne éducation en fait de présent ? une bouteille de Ricœur ? 

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